La gestion de projet avec des ressources à distance

On me pose souvent des questions sur mes expériences avec la gestion de projet dans des contextes de ressources à distance. Dans cet article, je vous fais un bref exposé des expériences que j’ai vécues à ce niveau. Dans l’ensemble de ces projets, j’ai joué un rôle majeur au niveau de la gestion de projet. Dans tous les cas, les clients sont situés au Québec ou en Amérique du Nord.J’ai identifié trois modèles différents :

  • Ressources dispersées géographiquement: Les conseillers travaillant sur le projet sont tous à distance, situés dans différentes localisations (à leur domicile, à leur bureau ou dans des centres de livraison). Ils peuvent être en Amérique du Nord ou un peu partout dans le monde. Le gestionnaire de projet est évidemment situé dans une quelconque location lui aussi!
  • Modèle mixte: Les conseillers sont répartis dans deux équipes, une complètement délocalisée et une au Québec. Le gestionnaire de projet est situé au Québec.
  • Modèle délocalisé (offshore): Enfin, le dernier modèle est à une extrémité du spectre: les ressources sont toutes à distance et le gestionnaire de projet également. La livraison est effectuée pour une entreprise d’ici. Les clients (lignes d’affaires) sont donc ici. Les ressources locales sont limitées.

Pour chacun de ces modèles, je vais vous présenter les principales caractéristiques, les avantages et les inconvénients, de même que les facteurs-clés de succès.

Ressources dispersées géographiquement

J’ai retrouvé ce modèle dans l’industrie du développement de logiciel, tout comme dans certains départements TI d’entreprises. C’est un modèle organique, on assemble les équipes en allant chercher l’expertise où elle se trouve. Les ressources en question ne travaillent pas nécessairement à temps plein sur le projet.Il n’est pas rare que les ressources travaillent dans des fuseaux horaires différents.L’avantage clair de ce modèle est qu’avec un réseau de conseillers bien développé, on peut facilement construire de nouvelles équipes et le temps pour les mettre en place est plutôt rapide. L’équipe disparaît aussitôt le projet terminé et chacun continue son parcours de son côté.L’inconvénient est que sous certaines circonstances, la chimie d’équipe peut prendre un certain temps à se mettre en place.Les deux principaux facteurs de réussite de ce modèle sont des responsabilités clairement définies (donc un plan de travail évident pour tous), de même que la mise en place de canaux de communication entre les membres de l’équipe (scrum quotidien, canal électronique permanent tel que Skype).

Modèle mixte

Dans le modèle mixte, on a une équipe locale gérée par un gestionnaire de projet sur site. Pour des raisons d’expertise ou de capacité additionnelle de livraison, on complète l’équipe avec une autre équipe, située outre-mer. Les activités de gestion de projet de l’équipe délocalisée est sous la responsabilité du gestionnaire de projet.Un tel modèle de livraison peut être hasardeux et drainer beaucoup d’efforts. Son principal avantage est évidemment qu’il peut ajouter une grande vélocité au projet car on peut souvent trouver de nombreuses ressources disponibles dans les pays délocalisés. Les coûts de livraison peuvent également diminuer de façon importante considérant le faible coût (entre 20 et 33 % d’ici).L’inconvénient principal d’un tel modèle est l’apparition de « deux solitudes ». Le gestionnaire partagera son temps entre les deux équipes et s’il a de la difficulté à trouver le juste équilibre de temps à partager entre les deux équipes, il en résultera deux équipes qui, chacune de leur côté, trouvent qu’on ne s’occupe pas assez d’elles.Le principal facteur de réussite d’un tel modèle sera le niveau d’expérience du gestionnaire de projet qui devra à la fois conjuguer les défis de la gestion d’une équipe locale et d’une équipe délocalisée. L’utilisation de feuilles de temps détaillées lui permettra notamment de suivre en détails l’avancement de toutes les ressources.

Modèle délocalisé

Le modèle délocalisé présente une équipe entièrement située à distance. Le gestionnaire de projet est également à distance, avec son équipe.Les deux principaux avantages de ce modèle sont une vélocité accrue et des coûts de livraison plus bas. Le fait que les équipes travaillent sur deux fuseaux horaires assez différents peut avoir son avantage: par exemple, le client peut réaliser des tests d’acceptation alors que l’équipe de projet dort et cette dernière peut effectuer des corrections alors que l’autre équipe dort.Le désavantage de ce modèle est qu’il ne convient clairement pas à des contextes où les besoins sont flous et mal définis. Un client qui « change d’idée » constamment peut amener ces projets dans une spirale dangereuse… On doit également modifier les heures de travail pour avoir quelques heures de travail en commun durant la journée. Enfin, l’effort de gestion de projet est plus élevé (en heures) étant donné le rôle de coordination joué par les ressources locales.Sans contredit, ce modèle pourra réussir, si on arrive à avoir des ressources fortes sur site pour jouer le rôle de « courroie de transmission » entre le client et l’équipe délocalisée. Il est important que cette équipe locale n’ait aucun pouvoir de décision dans le projet. Son rôle doit se limiter à de la coordination et la réalisation des biens livrables est entièrement faite par l’équipe délocalisée.Cet article a été écrit par le fondateur de Brome Conseil, Simon Chamberland. Œuvrant dans le milieu des technologies de l’information depuis 1995, il possède une vingtaine d’années d’expérience en technologies de l’information et gestion. Notez que cet article a d’abord été publié sur le blogue de la firme Brome Conseil.