Doha Laghrari : Tricoter des liens serrés

Ingénieure de formation, Doha Laghrari ficèle au quotidien des projets qui propulsent son équipe et ses clients. Alors qu'elle tisse avec eux leur succès par la technologie, notre experte tricote aussi des liens forts avec deux aiguilles. Rencontrez une leader rigoureuse qui renoue avec une tradition ancestrale et la repense.

L'art de tricoter regagne en popularité parmi les nouvelles générations. Serait-ce grâce à ses bienfaits maintenant confirmés pour la santé, le bonheur et la fierté? Pour notre experte Doha Laghrari, c'est à sa première grossesse qu’elle s’est sérieusement lancée dans le tricot. Des complications l’avaient alors alitée. Immobilisée, le ventre grandissant, ses mains se sont déployées dans la laine et le coton. Elles ont répété de mêmes gestes, faisant ainsi grandir des tricots, maille par maille, et une passion. Cette disponibilité est précieuse pour se consacrer à cette pratique qui demande persévérance. Mais le temps lui manque aujourd’hui. Quand les vacances arrivent, Doha en profite. Ses mains tricotent des pulls, des robes, même des plaids pour ses filles, une écharpe pour son mari. Elles tricotent aussi des modèles pour les enfants d’amis. Tandis que ses mains font grandir des tricots, sa tête projette un projet rassembleur. Et si sa passion pouvait faire grandir des personnes à mobilité réduite? Dans cette nouvelle entrevue de la série Humains avant tout, notre gestionnaire de projets Doha Laghrari partage sa passion. Cette tricoteuse nous raconte comment, en battant les aiguilles, elle tisse des liens et un rêve de solidarité.

Doha Laghrari dans l'équipe

Doha Laghrari s'est jointe à notre équipe en tant que chargée de projets en mai 2021. Puis, en janvier 2022, elle a été nommée coordinatrice de notre offre de services gérés. Vivant à Marrakech, notre experte collabore de près avec nos talents au Maroc.  

10 questions pour Doha Laghrari

1. Comment a débuté ton histoire avec le tricot?

J’ai vraiment commencé le tricot alors que j’étais enceinte de ma première fille, Neila, qui a aujourd’hui 7 ans. J’avais déjà appris des techniques avec ma tante, qui tricote depuis des années. Pendant ma grossesse, j’ai beaucoup tricoté parce que j’ai été alitée.  

Tunique tricotée par Doha Laghrari pour un enfant de 3 - 4 ans
Tunique tricotée par Doha Laghrari pour un enfant de 3 - 4 ans

2. Quelle a été ton expérience de tricot la plus marquante?

J’ai enseigné le tricot à une femme qui avait un handicap physique. Suite à une chute, elle a perdu sa mobilité. Avant, elle travaillait chez ma belle-sœur. Mais après elle ne pouvait plus. Quand j’ai des commandes, je lui offre de travailler à ma place. Et un jour, j’aimerais fonder ma propre entreprise.

3. Quel genre d’entreprise aimerais-tu fonder?

Mon rêve serait d’ouvrir une entreprise et faire travailler des femmes. Je vois beaucoup de potentiel pour les personnes qui ont des handicaps physiques, des problèmes de mobilité. Elles n’ont pas vraiment d’accès au travail. Ce serait une manière d’allier passion et solidarité. Si j’arrive à les faire travailler là, ce serait mon rêve. J’aimerai fonder une entreprise pour ça.  Il y a déjà cette femme handicapée, à qui j’ai appris à tricoter. L’idée serait de rallier davantage de personnes dans cette situation et que ca devienne une vraie entreprise. C’est certain que pour mettre ce type de société en place, il faut du temps. Donc, c’est un projet pour plus tard... Ce serait pour quand les enfants seront plus grands, ou pour ma retraite, ou... si je gagne au loto!

4. Le tricot apporte plusieurs bienfaits, quels sont-ils pour toi au quotidien?

C’est une relaxation, une détente.  Quand les filles dorment, je sors le tricot. Je peux le faire en même temps qu’en parlant à quelqu’un d’autre. Le fait de prendre le tricot, de suivre le modèle, de refaire le même mouvement, ça relaxe, on arrête de réfléchir. On peut discuter en même temps qu’on travaille. Bien sûr, si j'en fais trop longtemps, j'ai mal aux mains! Mais en général, c’est une relaxation. Ça aide à relaxer. Mais ça n’aide pas nécessairement à dormir... Parfois, on devient tellement pris par le projet, qu’il faut même s’obliger à arrêter!

5. Comment crées-tu tes modèles?

Je n’ai pas encore l’expérience suffisante pour créer un modèle à partir de zéro. Le plus compliqué est de savoir combien de mailles on doit monter pour obtenir la bonne longueur et la bonne largeur. Alors, je vais chercher des explications de modèles pour connaître la taille.  Pour les couvertures, je n’ai pas besoin de modèle. Mais je préfère les tricoter dans un format pour bébés. (Sinon c'est trop long!) J’en ai déjà fait une pour moi : j’y ai travaillé pendant 2 ans, sans arrêt... Pour ce qui est des motifs sur la couverture, je les dessine d'abord sur une feuille et ensuite je le transpose.

Petite couverture pour Noah, l’enfant d’une amie
Petite couverture tricotée pour Noah, l’enfant d’une amie

6. Dans quel contexte as-tu réalisé les tricots sur les photos?

C’étaient des cadeaux que j’avais fait à des amis. J’en suis très fière. C’est un cadeau personnalisé, plutôt que quelque chose qui serait acheté. Parfois, c’est parce que j’adore un modèle, mais que ma fille est trop petite ou trop grande! Les gens sont souvent très contents de recevoir un cadeau fait à la main.

Petite robe tricotée pour une enfant de deux ans.

7. T’arrive-t-il de tricoter en compagnie?

Ma tante et ma grand-mère tricotent. Quand j’habitais à Casablanca, j’allais chez ma grand-mère. On passait tout l’après-midi ensemble, tranquilles, toutes les trois. Là, je vis à Marrakech. Ici, j’ai ma sœur qui tricote. Parfois on tricote toutes les deux, ensemble.  

8. Pour ceux qui aimeraient tenter le tricot, comment peut-on apprendre?

Au temps de ma tante et de ma mère, tout le monde tricotait. C’était la génération ou tout le monde savait tricoter. La génération de ma mère savait tricoter broder, coudre... C’était même enseigné à l’école. Du moins, pour ma mère, c’était enseigné à l’école! Ma grand-mère le fait encore pour s’occuper. Pour moi, c’était une envie parce que j'étais tombée enceinte. Aujourd’hui, peu de gens savent tricoter. Ma sœur a aimé ce que je faisais et elle a appris. Aujourd’hui, elle se fait ses propres habits. Elle est plus active que moi! Sur YouTube, on peut apprendre à tricoter.  

9. Pratiques-tu d’autres formes d’arts textiles?

Je m’en tiens au tricot : j’ai du mal à apprendre le crochet. Je ne sais pas pourquoi... Ma sœur a commencé par le crochet, puis elle a basculé vers le tricot, avec les deux aiguilles. Ce qui est bien avec le crochet, c’est qu’on n’a pas besoin de tout coudre à la fin. Je n’aime pas du tout coudre! Ça m’est arrivé de tout tricoter mon projet et de le remettre ensuite à ma tante pour qu’elle le couse! Cependant, j’aime aussi beaucoup la pâtisserie.

Robe avec jupe rose, pour un enfant de 8 ans.

10. Et quels sites nous conseilles-tu pour trouver des modèles?

Il y a plusieurs sites qui vendent la laine où on peut trouver des beaux modèles. Par exemple, vous pouvez trouver des modèles en ligne sur :

De tricots en tricots

Ingénieure, chargée de projets, femme, mère, sœur, fille, nièce, amie, instructrice, partout Doha Laghrari tricote des liens solidaires. Et on le voit aussi dans ce geste répété, méditatif, ce savoir-faire venu de sa tante, des générations d’avant. Là aussi Doha tisse des liens. Car on le comprend : les tricots ne réchauffent pas seulement les corps ou brillent par leur finesse et minutie. lls racontent les mains qui les ont fait grandir. Ils portent des heures de réflexions, de rêves, de conversations, de recommencements. Et ils affichent le bonheur prolongé de confectionner un cadeau spécialement pour quelqu’un.  C’est aussi un cadeau que de transmettre ce plaisir de tricoter à quiconque pouvant manipuler des aiguilles. Comme le perçoit Doha, il y a dans le tricot un fort potentiel d’intégration pour les personnes à mobilité réduite au Maroc. En plus d'être un art valorisant, c’est une façon de s'ancrer dans sa communauté par ses mains. On est inspirés par le rêve de Doha, qui repense le tricot pour inclure des personnes à mobilité réduite. Longue vie à ce projet entrepreneurial qui continue de grandir en tricotant. D’ailleurs, l’expression « tricoté serré » prend ici tout son sens de solidarité. Merci à notre experte Doha Laghrari. Merci de nous avoir inspirés en nous partageant ta passion et ton rêve dans cette entrevue Humains avant tout.

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